La chronique de Gérard Bérubé | L’immobilier, le pilier de la retraite

La planification de la retraite est un sujet complexe et souvent sujet à débat. Dans ce contexte, l’immobilier s’impose comme un élément clé, un pilier indispensable sur lequel repose une bonne partie des stratégies de retraite des ménages. Toutefois, les récents bouleversements économiques, notamment la flambée des prix de l’immobilier à la suite de la pandémie, compliquent ce panorama traditionnel.

L’importance de l’immobilier dans la planification de la retraite

Il est fondamental de comprendre le rôle que joue l’immobilier dans les stratégies de retraite. Alors que de nombreux experts recommandent d’exclure la valeur de la résidence principale de l’évaluation de la richesse pendant la phase de planification financière, cette approche peut ne pas être représentative de la réalité pour un grand nombre de propriétaires. Pour ceux qui n’ont pas un patrimoine élevé, la valeur nette de leur logement peut souvent constituer un actif plus significatif que leurs économies de retraite accumulées.

Selon l’Enquête sur la sécurité financière de 2023 réalisée par Statistique Canada, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Voici quelques éléments clés qui émergent de cette étude :

  • Propriétaires ayant un régime de pension d’employeur : Valeur nette médiane de 1,4 million de dollars.
  • Locataires sans régime de pension d’employeur : Valeur nette médiane de 11,900 dollars.
  • Propriétaires sans régime de pension d’employeur : Valeur nette médiane de 914,000 dollars.
  • Bénéficiaires d’un régime de pension d’employeur mais non propriétaires : Valeur nette médiane de 359,000 dollars.
  • Ces données révèlent clairement l’impact décisif que peut avoir la propriété immobilière sur la santé financière des ménages à l’approche de la retraite.

    Un fossé préoccupant

    La comparaison entre ces différents groupes souligne un fossé préoccupant dans la répartition de la richesse. Alors que les propriétaires peuvent bénéficier d’une sécurité financière considérable à travers la valorisation de leur actif immobilier, les locataires souffrent d’une vue déficitaire de leurs avoirs. Ce contraste met en exergue non seulement la nécessité d’être propriétaire dans le parcours de la retraite, mais aussi l’importance d’investir judicieusement dans l’immobilier.

    Il est crucial de comprendre que ce fossé ne se limite pas seulement à des chiffres. Il traduit une réalités vécue par des millions de Canadiens qui se retrouvent dans la situation délicate d’avoir à composer avec des niveaux d’épargne très différents.

    L’hésitation des propriétaires à utiliser leur valeur nette

    Malgré cet actif important que représente la propriété, de nombreux retraités ressentent une réserve à l’idée de puiser dans la valeur nette de leur maison pour améliorer leur situation financière.

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    Un sondage effectué en 2023 pour la Fondation canadienne pour la planification financière (FCPF) révèle que 42 % des répondants se montrent plutôt inconfortables à l’idée de lever des liquidités sur leur résidence principale.

    Les raisons de cette réticence sont variées et peuvent inclure :

  • Un manque de connaissance sur les méthodes disponibles pour accéder à la valeur nette de leur propriété.
  • La peur de l’avis extérieur : ce que pensent les amis ou la famille, et la stigmatisation associée à l’utilisation de leur logement comme un moyen de soutien financier.
  • L’incertitude quant à l’avenir du marché immobilier et la crainte de voir leur actif perdre de sa valeur.
  • Les alternatives pour mieux préparer sa retraite

    Pour les propriétaires qui se sentent hésitants, il existe plusieurs alternatives pour tirer parti de leur patrimoine immobilier tout en minimisant les risques. Ces pistes peuvent également apporter un certain niveau de tranquillité desprit pour les retraités. Parmi celles-ci, on peut citer :

  • Refinancement hypothécaire : Permet de libérer des liquidités à un taux souvent plus bas que d’autres formes de crédit.
  • Ligne de crédit sur la valeur domiciliaire (HELOC) : Une solution flexible qui permet d’accéder à des fonds au besoin, sans obligations de remboursement immédiates.
  • Vente de la propriété pour un logement plus petit : Cette option permet de réaliser un profit en capital tout en réduisant les coûts liés à l’entretien d’une grande maison.
  • Co-achat immobilier : Envisager d’acheter un bien immobilier avec une ou plusieurs personnes pour diviser les coûts et les risques.
  • Il est essentiel pour les propriétaires d’évaluer ces options avec un conseiller financier afin de déterminer la stratégie la plus adaptée à leur situation personnelle.

    Conclusion : Une valeur à ne pas négliger

    En somme, la valeur de l’immobilier ne doit pas être sous-estimée dans la planification de la retraite. Les statistiques révèlent assez clairement le rôle crucial que joue la propriété dans la constitution d’une richesse durable. Pour de nombreux Canadiens, leur résidence principale représente non seulement un foyer, mais également un actif qui peut mourir en valeur nette.

    Ainsi, qu’il s’agisse d’explorer des solutions pour accéder à cette richesse ou de repenser la manière dont le patrimoine est perçu dans le cadre d’une planification financière, il est capital de s’informer, de réfléchir et de démystifier les processus liés à l’utilisation de son logement. Avec une planification adéquate, l’immobilier peut continuer de rester un pilier solide pour aborder la retraite en toute sérénité.